Carte professionnelle de Jules Bonnot et de son associé Demange
Ephéméride Anarchiste
28 avril
Jules Bonnot
Le 28 avril 1912, mort de
Jules BONNOT, à Choisy-le-roi.
Anarchiste illégaliste, le
plus célèbre des "bandits tragiques" mais pas forcément le plus criminel (la presse lui attribuera à tort le rôle de chef de bande).
Il est né le 14 octobre 1876
à Pont-de-Roide (Doubs). Fils d'un ouvrier fondeur, il devient très jeune orphelin de sa mère. Il commence à travailler à 13 ans aux usines Peugeot de Montbéliard et devient un excellent
ouvrier mécanicien, mais ses précoces opinions
anarchistes et syndicalistes le condamnent à la vindicte patronale et à l'exclusion professionnelle. En 1897, il sera incarcéré trois mois après une rixe avec un policier. Après son service militaire de 3 ans et un mariage en 1901, il obtient un emploi dans les chemins de fer à la frontière franco-suisse. Il travaille ensuite dans un garage à Genève mais, considéré comme agitateur, il sera expulsé de Suisse. Il se déplace alors de ville en ville : Lyon, Neuves-Maisons, St-Etienne (1905-1906) et de nouveau Lyon où il trouve à s'employer chez Berliet et se révèle être un chauffeur-mécanicien fort compétant (il aurait même été, en 1910 à Londres, un temps le chauffeur de Sir Arthur Conan Doyle). Après que sa femme l'a quitté (1906), il crée à Lyon avec un
associé un atelier de réparation automobile, mais les conditions précaires le poussent à l'illégalisme. Il commet alors plusieurs délits : fausse
monnaie, vols de voitures et de vélos, cambriolages, recels, etc.
Il loge alors chez le sieur Thollon dont la femme Judith THOLLON deviendra sa maîtresse. En octobre 1911, repéré par la police, il évite de peu une arrestation, mais est contraint de fuir Lyon. Le
27 novembre 1911, il part avec un compagnon italien du nom de Sorrentino dit Platano (qui est en possession d'une forte somme d'argent), dans une auto volée qui doit les amener à Paris.
Mais d'après Bonnot un
accident survient durant le trajet, Platano se serait blessé grièvement en manipulant un revolver;
Bonnot, le voyant perdu, se croit alors autorisé à achever les souffrances de son compagnon.
Réfugié à Paris, il
rejoint les individualistes qui éditent le journal "l'anarchie" et qui vivent en communauté à Romainville, ils sont pour la plupart comme
lui végétariens et amour-libristes. Son expérience de chauffeur, sa détermination
et son passé d'illégaliste ne manquent pas d'influencer
les futurs membres de la bande : Callemin,
Carouy, Soudy,
Garnier, Monier,
Valet,
Metge,
Dieudonné.
Le 21 décembre 1911, il prend part en tant que chauffeur au premier braquage en auto de l'histoire, celui de la
Société Générale rue Ordener, à
Paris. Un garçon de recettes y est grièvement blessé, mais le butin n'est pas à la hauteur de leur espérance. Ils seront contraints d'effectuer de nouveaux coups de mains qui provoqueront des morts
d'hommes, en particulier le 27 février 1912 et le 25 mars 1912.
La bourgeoisie prend peur, la presse se
déchaîne, et la traque policière s'organise, frappant le milieu libertaire.
Le
24 avril 1912, lors d'une perquisition à Ivry dans la boutique du compagnon Antoine Gauzy, Bonnot qui avait trouvé là un refuge, abat le sous-directeur de la
Sûreté et blesse l'inspecteur principal, avant de
parvenir à s'enfuir.
Mais sa nouvelle planque chez le
garagiste Joseph DUBOIS, dans le lotissement Fromentin à Choisy-le-Roi, est découverte
le 28 avril 1912. Un siège s'organise, avec des moyens
considérables. On fait même appel à
l'armée et à la population. Dubois est abattu dans un premier temps par les policiers, mais devant la résistance de Bonnot on emploie la dynamite pour détruire le garage. Durant le siège, Bonnot rédigera quelques notes où il tentera de disculper Dieudonné, sa maîtresse Judith et son mari, ainsi que Gauzy. Lors de l'assaut, Bonnot est criblé de
balles, il décédera à son arrivée à
l'hôpital.
"La publicité faite par la presse autour de mon humble personne doit rendre jaloux tous ceux qui se donnent tant de peine pour faire parler d'eux et qui n'y parviennent pas! (...) Ce que j'ai fait, dois-je le regretter, peut-être, mais s'il me faut continuer, malgré mes regrets, je continuerai (...) j'ai le droit de vivre. Tout homme a le droit de vivre et puisque votre société imbécile et criminelle prétend me l'interdire, eh bien tant pis pour vous tous! "
Dieudonné dira de lui : " Il est adversaire de l'assassinat. Cela semble étrange. C'est pourtant ainsi. Il ne consent au meurtre qu'en dernier ressort."
"L'explosion de la dynamite ouvrant une brèche"
(carte postale)
Quant à sa maîtresse Judith THOLLON, arrêtée après la fuite de Bonnot à Paris, elle sera jugée en mai 1912 et condamnée pour complicité à 4 ans de prison. Elle décédera un an plus tard en prison.
Joseph Dubois
Le 28 avril 1912, mort de Joseph DUBOIS, à Choisy-le-Roi lors de l'assaut de la police.
Garagiste anarchiste illégaliste mêlé à la Bande à Bonnot.
Joseph (ou Jules?) Dubois était (malgré son patronyme français) d'origine russe, né à Odessa le 13 février 1870. Emigré en France, il travaille comme mécanicien chez divers patrons avant de tenter de monter un garage coopératif avec d'autres compagnons anarchistes à Courbevoie en 1908. Mais c'est finalement Alfred Fromentin un idéaliste libertaire fortuné qui lui permet de créer son garage sur un terrain de son lotissement dit "Le Nid rouge" à Choisy-le-Roi.
Ami de Jules Bonnot, c'est chez lui que celui-ci venait s'entraîner à la conduite automobile et c'est chez lui que traqué par toutes les polices il se réfugiera.
Bien renseignée, la police remontera jusqu'au garage de Dubois. Celui-ci travaillait dans son atelier lors de l'irruption des policiers, il sera le premier à répliquer aux agents (donnant l'alerte à Bonnot qui se trouvait au premier étage), mais il sera le premier à être abattu.
Le 28 avril 1861, naissance
d'Henry BAUER, à Grentel (Allemagne).
Militant anarchiste.
En
1880, il émigre aux Etats-Unis. Il travaille comme charpentier
à Pittsburgh et s'engage dans le mouvement anarchiste
après aux événements de Haymarket.
Arrêté en 1893 pour avoir distribué des tracts
pendant la grève de Homestead et suite à l'attentat d'Alexandre
Berkman, il sera condamné à 5 ans de prison.
Le 28 avril 1887, naissance
de Gaston ROLLAND
Le 28 avril 1901, mort de
Paule
MINK
L'Anarchie devant les tribunaux par Pietro Gori
(Les Cahiers d'Education Sociale, éditions Tierra y Libertad)
Du 21 au 28 avril 1898,
à Ancône (Italie), se tient le Procès des
anarchistes inculpés "d'association de malfaiteurs contre la
sécurité publique des personnes et la
propriété". Cela fait suite aux manifestations et
à la grève générale de mi-janvier contre
l'augmentation du pain. La dizaine de prévenus est
défendue par
Francisco
Saverio Merlino,
Pietro
Gori et Errico Ferri.
Malatesta
sera condamné à cette occasion à 7 mois de
prison.
Destruction du steamer français "Guadalquivir" en rade de Salonique
Le 28 avril (15 avril en julien) 1903, à Salonique (aujourd'hui Tessalonique en Grèce) alors sous occupation de l'Empire Ottoman, entrée en scène des "BATELIERS de SALONIQUE".
Ce groupe d'anarchistes d'origine bulgare désirant attirer l'attention des occidentaux sur la répression ottomane en Macédoine et en Thrace vont frapper durant quatre jours la ville de divers attentats spectaculaires.
Le premier est l'œuvre de Pavel CHATEV, né à Kratovo en 1882, qui transportant 11 kg de mélinite, fait exploser les machines du steamer français "Guadalquivir" au moment où le bateau quitte le port. Le bateau prend feu et le capitaine ordonne l'évacuation des passagers, dont Pavel Chatev lui-même. Ils sont retenus dans un premier temps par la police, mais vite libérés car les autorités ignoraient dans un premier temps la véritable origine du sinistre. Sa mission accomplie Pavel Chatev quitte en train Salonique pour Skopié.
La même nuit, Dimitri METCHEV ouvrier mineur, né en 1870, Ilia TRATCHKOV sabotier, né en 1885, et Milan ARSOV lycéen, né en 1886, font sauter la ligne de chemin de fer Salonique-Istanbul, les dégâts son faibles, et ne font pas de victimes.
Carte photo de la Banque Ottomane réduite à l'état de ruines
Le lendemain 29 avril, vers 20h30, Konstantin Ivanov KIRKOV fait sauter les conduites du gaz d'éclairage situées sous le pont de la gare de Sérés, ce qui plonge la ville dans le noir et donne le signal de la généralisation des actions. En rentrant chez lui, il jette encore une bombe devant le "Grand Hôtel".
Jordan POPJORDANOV (dit Ortzeto) né en 1881, (vraisemblablement le cerveau du groupe), allume la mèche de dynamite dans le tunnel creusé au préalable sous la chaussée jusque sous les fondations de la Banque Ottomane, qui est entièrement détruite dans l'explosion.
Milan ARSOV fait éclater une bombe dans le jardin du théâtre de verdure "l'Alhambra".
Georges BOGDANOV employé dans une agence immobilière, né en 1882, jette une bombe dans un café sur une place près du quai, qui deviendra plus tard "La Place de la Liberté".
Vladimir PINGOV né en 1885, est le premier à être tué par un policier, après qu'il ai tenté d'incendier sans succés le "Bochnak Khan".
Ensuite Dimitri METCHEV et Ilia TRATCHKOV tentent de faire sauter les réservoirs de gaz d'éclairage de l'usine elle-même, une fusillade s'engage qui durera plusieurs heures. Après avoir lancé plus de 60 bombes contre l'armée et la police, et à cour de munitions, ils sont tués.
Konstantin KIRKOV et Jordan POPJORDANOV profitant du chaos général jettent des bombes dans la rue principale devant l'hôtel d'Egypte et le théâtre "Eden".
Le lendemain 30 avril, Konstantin KIRKOV essaie sans succès de rentrer dans la Poste pour y déposer une bombe, mais il est abattu par une sentinelle, quant à Jordan POPJORDANOV, il livre un dernier combat depuis sa fenêtre tirant et jetant des bombes pendant plusieurs heures contre l'armée avant d'être lui aussi tué.
Le "Jardinier" déjà connu d'Istanbul, Tzvetko NAOUMOV devait clore les attentats en tuant le préfet Hassan Fehti Pacha. Le 1er mai il se dirige vers sa maison un paquet sous le bras, mais aperçu par les soldats et n'ayant plus le temps d'accomplir sa tâche il se fait exploser.
La stupeur passée, les autorités et les foules fanatisées s'en prennent à la population bulgare et massacrent 200 à 300 personnes ce qui contraint les puissances étrangères à intervenir pour stopper l'hécatombre. Environ 2 000 bulgares seront arrêtés, 353 passeront en procès et 33 seront condamnés, dont 4 à la peine capitale : Pavel CHATEV, Georges et Marko BOCHNAKOV et Milan ARSOV, mais face la pression de l'opinion publique leurs condamnations seront communées en prison à vie. Ils seront déportés dans le désert libyen de Fezzan où seulement Pavel CHATEV et Georges BOGDANOV y survivront et pourront rentrer chez eux après l'amnistie de 1908, suite au Coup d'État des jeunes turcs.
Cet épisode historique est méconnu du mouvement anarchiste. A noter qu'aujourd'hui "Les Bateliers de Salonique" sont célébrés comme des héros de la Libération nationale et qu'ils ont divers monuments à leurs effigies en Macédoine, en particulier à Skopié et Vélés, mais l'anarchisme des "Baleliers" n'a rien à voir avec les récupérations des nationalistes bulgares et macédoniens.
Pour en savoir plus en français : "Libération nationale et Révolution sociale à l'exemple de la Révolution macédonienne" par Georges Balkanski, où sur le web ici.
En-tête du numéro 6 de Novembre-Décembre 1912
En avril 1908, à Paris, sortie du premier numéro du journal "La Vie Naturelle" Feuillets Naturiens et Néo-Naturiens publiés par Henri Zisly. Publication bimestrielle, puis annuelle et ensuite irrégulière avec une grande interruption entre le numéro 7 (de décembre 1913 et janvier- février 1914 ) et le n° 8 (d'octobre-décembre 1920) puis un dernier numéro, le 9 ème qui paraîtra encore en 1927 (en floréal-messidor).
Epigraphe : "Naturianisme, Naturisme libertaire ou Néo-Naturianisme, Vie simple, Vie nomade, Sauvagisme, Végétarisme, Fruitarisme, Anti-Vivisectionnisme, Individualisme libertaire."
A noter que les thèmes abordés dans ce journal, de l'écologie au refus du productivisme et le retour à une vie naturelle, sont toujours d'une actualité criante.
Zisly a également en plus du journal, édité deux feuillets et deux brochures dont le supplément "Le Progès" en février 1912.
Les numéros: 2-3-4-5-6-7 et le supplément "Le Progrès" de février 1912, sont numérisés sur le site Gallica de la BNF ici.